Entre Korriban et Recopia

Sur ces mots, Dark Sekot quitta ses apprentis et se dirigea tranquillement vers la passerelle où il trouva un joyeux chaos organisé sous la tutelle de son second.

Seigneur, vous avez fait vite. Je pensais que vous passeriez par vos quartiers.

Pas maintenant, Commandant. Continuez de préparer le départ.

Le Seigneur Sith n'avait toujours pas donné de destination mais ses hommes avaient l'habitude. Ils continuèrent leur travail tandis qu'il s'asseyait dans son fauteuil de commandement et fermait les yeux. Il se plongea profondément dans la Force en se remémorant la sensation éprouvée lors de sa vision. Finalement, il sentit une similitude dans la Force et y envoya une impulsion. Il sentit comme une réponse et sut alors où aller. Il rouvrit les yeux et alluma la carte holographique de la Galaxie.

Commandant, nous allons sur cette planète.

Recopia... d'après mes bases de données c'est un monde du Noyau tout ce qu'il y a de plus inhospitalier, lacs et nuages acides, les habitants vivent sur les hauteurs... un peu comme Haruun Kal. Qu'il y a-t-il là-bas ?

Des renforts, je pense. Pouvons-nous partir ?

Depuis 20 minutes Seigneur, votre méditation a duré longtemps.

Décidemment, la Force et l'horloge interne ne font pas bon ménage. Faites-nous partir. Et voyons les modalités de ce voyage, je n'aurais pas beaucoup de temps à vous accorder.

J'imagine Seigneur. Je ne vous avais pas vu ne serait-ce que songer à avoir un apprenti depuis des années. Et voilà que vous en prenez deux... c'est la première fois depuis 8 ans que vous reprenez votre rôle d'enseignant n'est-ce pas ?

Exact. Voyons notre expédition maintenant.

Ils commencèrent à planifier les prochains en attendant les apprentis du Seigneur Sith.

Malgré son trouble, Oron essaya de rester concentré et lorsqu’il descendit dans le hangar, il ne refit pas ce qui s’était passé lors de l’embarquement. Ainsi, il étudia rapidement le capitaine du navire qui se mit à le fixer pendant une poignée de secondes qui parut durer une éternité, alors le jeune homme comme à son habitude baissa les yeux et attendit que le second reprenne sa discussion avec le Seigneur Sekot. Ensuite, les deux hommes partirent tandis qu’un soldat l’amenait à travers le vaisseau, l’humain semblait pressé et marchait d’un pas rapide qu’Oron avait du mal à suivre. Très rapidement, ils arrivèrent dans la chambre. Celle-ci n’était pas très grande, elle était de la longueur et de la largeur du lit qui était incrusté dans le mur. Au bout, une cabine d’eau. C’était assez étroit et le jeune homme demanda :

- Combien de personnes devront dormir avec moi ici ?

- Juste vous, quelle question ! répondit-il presque amusé.

Décidément, c’était bien différent de ce qu’il avait connu la seule fois où il avait voyagé en vaisseau. Alors le soldat lui parla rapidement du vaisseau avec l’assurance de l’homme qui y vit de bien longtemps, il parlait si vite qu’Oron n’arriva pas à intégrer l’itinéraire vers tous les lieux intéressants mais il retint le principal : celui vers la passerelle. Immédiatement après il retourna à ses taches et laissa seul l’adolescent qui rangea ses affaires et amena ses vêtements sales à laver. Qu’il récupéra cinq minutes plus tard avant de les ranger proprement dans l’un des compartiments de sa chambre. Puis il referma la porte et partit en direction du mess qu’il eut du mal à trouver et il y chaparda un bout de pain avant de partir explorer le navire.

Personne ne semblait se soucier d’un adolescent se baladant librement à bord d’un vaisseau. En même temps, dans un bâtiment militaire, entrer sans y être autorisé est impossible donc il pouvait paraître normal que la sécurité une fois à l’intérieur devait y être relâché. Néanmoins, il fut plusieurs fois refoulé et se perdit dans l’immensité du navire. Il ne lui restait que quelques minutes avant que l’heure ne soit écoulée et il était complètement égaré. Malgré les ordres de son maitre, il ne put s’empêcher de déranger l’un des membres d’équipages pour se repérer. Ce qui lui fut très bénéfique puisqu’il put repartir en direction de la passerelle même si il était enretard. En effet, dès qu’il arriva il remarqua que son maitre parlait déjà avec Jarik, alors le jeune homme se mit au même niveau que son compagnon et baissa la tête, honteux avant de dire :

- Je vous supplie de bien vouloir me pardonner, Maitre.

Jarik arriva sur la passerelle en premier, alors que Dark Sekot était en pleine conversation avec son second. Il resta légèrement en retrait, dans l'ombre de l'entrée et attendit d'être interpellé. Le Seigneur Sith semblait s'entretenir d'un sujet important et mit plusieurs minutes avant de réagir à sa présence.

Tu es en avance, c'est une qualité appréciable. Evidemment, tu connaissais déjà ce vaisseau mais cette fois-ci le voyage sera plus long.

Plus long dans quelle mesure Maître ?

Huit jours standards environ, nous allons dans le Noyau.

Le Noyau ? Formida... euh, pour quelle raison Maître ?

Je vais vous expliquer à tous les deux, attendons qu'Oron arrive... ah, justement.

Je vous supplie de bien vouloir me pardonner, Maitre.

Ou tu vas devoir travailler ta mémoire, ou tu devras allonger tes foulées, dit Dark Sekot avec un air amusé. Quand tu es perdu, fais appel à la Force et cherche celui que tu dois retrouver. Comme je le disais, nous passerons huit jours à bord du Fléau pour rendre dans le Noyau. Il va falloir t'habituer à te repérer car tu n'auras plu l'excuse de la nouveauté pour justifier tes retards.

Et sur quelle planète allons-nous Maître ?

Vous n'avez pas besoin de le savoir.

Le Seigneur Sith se tourna vers son second.

Commandant, je vous laisse les rênes. Je reviendrais faire un tour d'inspection de temps en temps.

Il fit signe à ses apprentis de le suivre et les mena jusqu'à la salle d'entraînement du croiseur. Les deux adolescents tentaient de mémoriser la topographie du vaisseau tandis qu'il leur expliquait la raison de ce départ soudain.

Voyez-vous, la Force peut conférer à celui qui sait la faire obéir ou qui possède une connexion suffisamment forte avec elle l'opportunité d'avoir des visions. Ces visions peuvent montrer des images du passé, du présent ou d'un futur. En ce qui me concerne, le présent m'a parlé et la Force m'a révélé, ainsi qu'au Seigneur Ner-Zhul à ce qu'il semble, l'existence d'une force obscure qui serait à même de servir les intérêts des Sith, du moins je l'espère.

Une force obscure ? C'est vague.

La Force aime à nous guider par énigmes. Ce n'est pas uniquement pour vous permettre de comprendre les techniques d'utilisation de la Force que je tente d'aiguiser vos esprits.

Ils arrivèrent alors dans la salle où 16 clones s'entraînaient au combat, 2 par 2, sous la supervision de leur supérieur direct. Dès l'entrée du Sith dans la pièce, ils cessèrent leurs exercices et saluèrent Dark Sekot qui leur ordonna de poursuivre.

Pendant ces huit jours, je vais vraiment vous faire entrer dans le monde des Sith. Jusqu'ici, le programme était allégé, maintenant nous allons travailler et entamer votre instruction au combat... et je ne parle pas des séquences que vous avez vues.

Les apprentis semblaient inquiets à cette idée mais ils n'eurent guère le loisir de s'interroger sur ce que voulait dire leur professeur. La première journée fut éprouvante, d'autant plus que le croiseur, réglé sur l'horaire standard, était encore à une heure très matinale. Durant de longues heures, Dark Sekot exigea des jeunes hommes qu'ils accomplissent des prouesses physiques qu'aucun n'avait encore jamais effectué en puisant dans la Force. Preuve que l'enseignement changeait, il se mit à réaliser des démonstrations et ne s'entraînait lui-même plus, passant tout son temps auprès d'eux à corriger leurs erreurs et modifier ses instructions.

Il était redevenu un véritable Maître Sith, rôle qu'il avait pourtant abandonné de plein gré et de bon coeur. Ses élèves comprirent vite que, s'il n'infligeait jamais de punitions inutiles ou cruelles, il n'en était pas moins un mentor particulièrement exigeant. Ainsi, toute cette première journée fut ponctué par les ordres et conseils de Dark Sekot qui tentait de leur apprendre les bases du soutien de Force. A l'heure de se coucher, le Seigneur Sith exigea d'eux qu'ils fassent la démonstration des acquis sur Korriban avant de partir puis les laissa partir en leur faisant comprendre qu'ils auraient davantage intérêt à méditer qu'à tenter de dormir pour régénérer leurs forces.

Les deux jours suivants, les cours furent tout aussi difficiles mais là où Oron encaissait de plus en plus sans se plaindre, Jarik commençait à montrer sa fatigue et sa douleur. Les bases du saut et de la vitesse de Force commençait à s'affirmer et, déjà, leurs performances physiques se voyaient améliorées mais Dark Sekot eut de sérieuses difficultés pour leur apprendre à faire ressurgir leur rage lorsque l'épuisement les gagnait. Le troisième jour, il les jugea déjà suffisamment avancés pour entamer la formation à de nouveaux pouvoirs de la Force en plus du Bouclier et de la télékinésie. Finalement, alors que le Sith les poussait à oublier leurs limites intellectuelles pour pratiquer la lévitation, Jarik craqua.

Assez ! J'en peux plus ! C'est de la folie.

Pardon ?

C'est n'importe quoi, comment on peux faire tout ce que vous nous demandez ?

Sache que j'ai subi la même chose alors que j'avais à peu près vos âges. Je vous ai choisis pour apprentis parce que votre potentiel est exceptionnel mais je ne me satisferais pas d'un simple potentiel sous-exploité.

Je veux au moins une pause !

Furieux, le jeune homme tenta de pousser son Maître avec la Force pour appuyer ses propos. Dark Sekot para et lui renvoya sa poussée renforcée dans le ventre, le projetant sur le dos.

Va-t-en. Je ne veux plus te voir pour aujourd'hui et ne songe pas à revenir demain. Ne t'avises plus de m'attaquer sans y être prêt. Si tu veux travailler demain, vois si l'un des instructeurs de close-combat t'accepte, tu ne seras autorisé à resuivre mes cours que le lendemain.

Sans s'occuper davantage du jeune garçon, il travailla exclusivement avec Oron, à l'encontre de qui la jalousie de Jarik venait de croître formidablement. Le lendemain, l'ancien esclave eut donc droit à un cours particulier au cours duquel Dark Sekot tenta de lui enseigner le véritable combat et l'esprit de bataille, pouvoir pour lequel il était - d'après lui - naturellement doué.

J'espère que nous découvrir bientôt quelle est ta force naturelle.

Je doute qu'elle soit au combat Maître.

Assez de défaitisme.

En guise de sanction, Dark Sekot profita de ce que le jeune homme avait baissé sa garde et le frappa sur la tempe. Après deux heures d'entraînement ainsi, le Sith comprit qu'il commettait une erreur : il donnait à Oron les leçons de combat qu'il avait lui-même reçu, or il était lui-même un spécialiste du Djem So en premier lieu. Avec ses nombreux doutes encore ancré en lui, sa volonté limitée d'aller directement au contact et sa capacité à retenir les feintes et parades davantage que les attaques, le Seigneur Sith en conclut qu'il devait adopter les méthodes du Makashi, du moins pour l'instant, tant qu'il n'aurait pas brisé ces limites qu'Oron s'imposait à lui-même.

Les progrès du jeune homme au combat se remarquèrent alors rapidement. Sans être spectaculaires, ils furent suffisants aux yeux de son Maître qui parut satisfait pour la première fois depuis le début du voyage. Il gagna en précision et assurance mais tous les efforts de Dark Sekot pour le faire se dépasser n'arrivaient à rien. Ce fut finalement agacé qu'il le renvoya pour la nuit.

Le lendemain, avec le retour de Jarik qui avait réussi à s'entraîner face à des soldats comme en attestait sa pommette droite enflée, le Sith leur apprit qu'ils allaient poursuivre l'enseignement du soutien de Force et, plus étonnant, que l'apprentissage du maniement au sabre laser allait commencer. Jarik s'en réjouit immédiatement mais il était hors de question qu'ils luttent l'un contre l'autre pour l'instant. Il les arma avec des sabres d'entraînements et leur fit exécuter d'innombrables séquences d'attaques, parades, feintes et contre-attaques avec leurs sabres factices. Les apprentis subirent plus d'une fois des coups sur les bras ou les mains lorsqu'ils n'exécutaient pas les instructions.

Pendant les quatre derniers jours, la moitié des journées était consacrée à cet apprentissage et celui des différents aspects du soutien et de la télékinésie. Fort de son expérience, Dark Sekot leur enseigna des séquences génériques le temps de cerner leurs aptitudes et, dès le deuxième jour, il mêla des séquences spécifiques aux exercices basiques : Ataru pour Jarik, Makashi pour Oron. Le dernier jour, alors qu'une semaine de fatigue pesait sur leurs épaules, il les testa enfin, sabre d'entraînement contre sabre laser véritable. Il les fit combattre contre lui, chacun leur tour. Il remarqua que leur maladresse initiale, liée à l'effet gyroscopique des armes, avait disparue et analysait leurs tactiques. Il combattit lui-même de façon défensive, ajoutant parfois des contre-attaques et des feintes dans l'esprit du Soresu. Il mit un terme à son engagement avec Jarik d'une frappe transversale à l'épaule et "transperça" Oron au-dessus du coeur, ou du moins il l'aurait fait s'il n'avait pas arrêté ses mouvements à temps.

Bien, vous avez beaucoup progressé ces derniers jours. Il va se passer du temps avant que vous ne soyez seulement que Main de l'Ombre mais vous vous améliorez. Allez manger et vous reposer, nous arriverons tôt demain matin et vos nouveaux talents seront peut-être utiles. Je serais sur la passerelle.

Il se rendit donc sur la passerelle où il retrouva son second occupé à son travail. Il s'assit dans le fauteuil de commandement et lut les rapports des deux derniers jours, n'étant pas revenus depuis. Il consulta ensuite son second sur les décisions à prendre par la suite, et les dispositions à préparer. Il quitta ensuite la passerelle pour regagner ses quartiers afin de se reposer et renouer plus vivement avec le Côté Obscur.

Étonnamment son maitre ne parut pas s’offusquer du retard d’Oron et même s’en amusa et ils partirent de la passerelle. Pour ne pas réitérer sa mésaventure précédente, l’adolescent se força à bien mémoriser le trajet, mais en même temps il commença à leur parler de la Force, il n’était pas simple de diviser son attention mais rapidement ils arrivèrent dans une salle d’entrainement où le Seigneur Sekot leur annonça que désormais ils allaient en finir avec un programme « allégé ». Cela effraya le jeune homme, l’entrainement était déjà fatiguant et il ne le voyait pas du tout comme allégé. C’est ainsi que les cours commencèrent. Ils furent bien plus épuisant que tout ce qu’il avait connu auparavant, les exercices que son maitre lui demandait exténuaient le jeune homme, si bien qu’instinctivement, il parvint à « récupérer » de l’énergie là où il pouvait : dans la Force. Le Seigneur Sekot se montrait de plus exigeant, même si il n’était pas cruel contrairement à son ancien maitre, enfin cela n’endiguait en rien l’épuisement qu’il ressentait. Lors de la fin du cours, il n’avait qu’une intention : dormir, mais son maitre conseillait fortement, sans l’exiger, qu’ils méditent avant de se coucher, c’était en réalité formulé comme un ordre déguisé. Le jeune homme partit donc à travers le vaisseau, il parvint petit à petit à se repérer et atteint le mess où il prit un rapide repas à base de féculents et avec un petit morceau de viande, qui lui était particulièrement délicieux. Il revint alors dans sa chambre où il enleva ses habits d’apprenti, il se rendit alors compte que le sol était particulièrement froid, mais il se mit en tailleur et commença à méditer au mépris de son envie intense de dormir. Si bien qu’après un certain temps, il commença à somnoler puis s’endormit par terre.

Cependant même si il était fatigué, cette première nuit à bord d’un vaisseau se passa fort mal, au bon milieu de son sommeil agité, il fit un horrible cauchemar avec des brides de son premier voyage vers Korriban, réveillé et en sueurs, il prit une douche sonique et se glissa dans son lit puis tenta de se rendormir en omettant pas de brancher un réveil pour ne pas être en retard. Ensuite il replongea dans le sommeil, mais il se tournait et retournait, n’arrivant pas à trouver une position confortable, il revécut des brides de son voyage à bord du navire pirate puis fit un horrible cauchemar qui le réveilla une heure avant l’heure prévue. Il prit alors une douche et se dit qu’il était plus fatigué une fois sorti du sommeil qu’avant de s’y plonger. Prenant son livre sur la Guerre des Clones, il le lut pendant un petit moment et partit manger un bout avant de rejoindre la salle d’entrainement. La journée fut encore pire que la précédente, même si il ne disait rien, Oron sentait des douleurs dans tous ses muscles, tous ses os, … Il était complètement épuisé à la fin de la journée, ses mouvements furent saccadées et sans vigueur, si bien qu’il reçut quelques coups et punitions de la part de son maitre. Presque mort de fatigue, il se dirigea jusqu’au mess, où le cantinier lui proposa une soupe qui d’après lui avait mauvais goût mais pleine de choses bonnes pour l’organisme. En prenant un grand bol, Oron le mangea seul à table, elle n’était si mauvaise que ça, au contraire elle était plutôt bonne. Mais l’adolescent était tellement fatigué qu’il commença à somnoler et ne se réveilla que lorsqu’il sentit que son nez affleurait la soupe, il se releva alors brusquement et remarqua qu’une grande frange de ses cheveux était mouillée, en fait, elle avait trempé dans la soupe qui commença à lui ruisseler sur le visage. L’épongeant rapidement, il partit jusqu’à sa chambre où il n’eut même pas le courage de méditer et s’effondra sur son lit complètement habillé.

Fort heureusement la fatigue intense aidant, le jeune homme dormit profondément et se fut le réveil qui le sortit du lit très reposé et se rendit dans la salle d’entrainement où il vit que le Seigneur Sekot venait d’arriver et il commença à s’entrainer, il y mettait toute son application. Ensuite l’entrainement reprit et fut encore très éprouvant, même si Oron parvenait à maitriser sa douleur mais Jarik ne semblait pas être aussi endurant et il exprimait de plus en plus ses souffrances. Si bien qu’alors qu’ils s’entrainaient à la lévitation le garçon craqua et s’en prit violemment à son maitre en l’attaquant. Courroucé le maitre le chassa pour deux jours où il devrait se débrouiller. Oron eut presque de la pitié pour lui, il n’aurait jamais pu supporter une punition comme celle-ci et se rongerait les sangs. Mais il eut la chance d’être le seul apprenti et « d’avoir » son maitre pour lui seul. Cela le stimulait de se savoir au centre de son attention et il redoubla d’efforts pour le satisfaire. En fait, il adorait cette relation presque exclusive qu’il entretenait à ce moment avec son maitre et faisait tout pour le contenter même si la fatigue commençait à l’atteindre sérieusement. Une fois les cours finis, il se dirigea joyeusement vers le mess pour prendre un bon repas puis repartir jusqu’à sa chambre où il médita longtemps avant de se mettre dans son lit pour lire avant de s’endormir sans même s’en rendre compte.

La nuit fut bien plus agitée que la précédente mais bien moins que la première. Il se leva et prit une douche avant de partir manger un morceau puis rejoint la salle d’entrainement où le Seigneur Sekot arriva quelque temps après. Cette journée fut sa préférée de toute la semaine à bord du vaisseau, il avait le droit à un cours « particulier ». C’était réellement stimulant et exaltant, il faisait de son mieux pour satisfaire son maitre et se donna plus que ce qu’il n’avait jamais fait. Plusieurs fois il se reçut des coups pour punir un mauvaise garde ou un moment d’inattention, c’était peut-être sévère mais dans tous les cas c’était juste. Ensuite il lui expliqua un style de combat qui s’appelait Makashi, il lui convenait parfaitement et Oron mémorisait très rapidement les feintes qu’on lui enseignait. D’ailleurs, son maitre paraissait content de lui ce qui procura une satisfaction infinie au jeune homme en manque de reconnaissance. Mais il parut agacé de son échec à certains exercices qui paraissaient impossibles à réaliser. Une fois l’entrainement terminé il partit diner où il se rappela de sa journée. En fait, il lui semblait que c’était la meilleure journée depuis sa capture sur Delers, elle était épuisante mais c’était tellement plaisant d’être avec quelqu’un aussi puissant que le Seigneur Sekot qui vous estimait. Il rentra dans sa chambre avec un sentiment de plénitude et médita durant toute la nuit sans s’apercevoir du temps qui passait.

Mais lorsqu’il émergea, il s’aperçut qu’il était presque l’heure de l’entrainement et fila vers la salle d’entrainement en récupérant un bout de pain au passage. Jarik n’était pas encore là mais son maitre oui. Il commença alors son entrainement et regretta que l’autre apprenti puisse rejoindre les cours du Seigneur Sekot mais cela ne l’empêcha pas de travailler du mieux qu’il put. Heureusement, ils eurent la chance, enfin plutôt l’honneur - c’était tout du moins l’avis d’Oron - de recevoir des sabres lasers d’entrainements. Il commença à leur apprendre différents mouvements mais maitriser les armes était difficile à cause de leur effet gyroscopique. C’était comme chaque jour épuisant, surtout avec une nuit qui avait été malencontreusement supprimée, mais l’apprentissage du sabre laser était très intéressant, voir amusant. Le soir il prit un bref repas avant de méditer, faisant très attention à ne pas trop s’immerger dans ses pensées et se plongea dans son lit pour dormir.

Fatigué comme il l’était, Oron s’endormit profondément même si il fut réveillé par un cauchemar comme souvent et put lire son livre sur la Guerre des Clones avant de manger et partir vers la salle d’entrainement. Même avec Jarik et l’épuisement que cela créait, partir s’entrainer était réellement exaltant. Le jeune homme appréciait sa nouvelle vie, exténuante certes mais tellement agréable, il avait enfin l’impression d’être quelqu’un plutôt que quelque chose. Lorsqu’il arrivait dans la salle d’entrainement, Jarik et le Seigneur Sekot était déjà là et ils purent continuer l’entrainement. L’entrainement au sabre était passionnant et physiquement l’adolescent résistait bien mais comme d’habitude il avait plus de mal avec les pouvoirs de la Force. Une fois de plus il sortit fatigué de sa journée mais était heureux. Il prit un bon diner avec de la viande, … et partit méditer et lire avant de se coucher.

Comme à son habitude, Oron fit des cauchemars durant la nuit et se réveilla tôt. Ensuite il se lava et partit au mess. Il remarqua qu’il y avait du lait, il avait toujours adoré cela, même lorsqu’il était petit, sa mère s’était toujours débrouillée pour lui trouver un peu de lait même lorsqu’il était esclave. Le jeune homme n’avait jamais voulu imaginer combien cela lui coûter d’offrir de petits moments de bonheur mais maintenant avec le recul, il imaginait très bien comment elle « payait » son maitre en compensation. Toutes ses réflexions lui donnaient une profonde tristesse, tout compte fait ce lait avait un goût doux-amer, même si il était bien plus amer que doux. Au bord des larmes, il rejoint rapidement son maitre et ils commencèrent à s’entrainer, heureusement, ils débutaient par le combat au corps à corps et cela nécessitait toute son attention, d’autant plus que les douleurs et la fatigue l’empêchait de penser à autre chose qu’à l’instant présent. Par ailleurs, ce fut une journée assez difficile car il était perturbé ce qui lui valut de nombreuses punitions de son maitre pour lui rappeler de se concentrer et de travailler avec plus de sérieux. Au bout de la journée, il était perclus de douleurs et se dirigea dans sa chambre sans réfléchir ni manger et s’endormit comme une masse.

Lorsqu’il se réveilla, Oron se rendit compte que le lendemain ils seraient arrivés. Intérieurement il s’en réjouit car il avait envie de voir autre chose que les murs gris du vaisseau mais aussi ses plafonds et sols ternes. Les corrections qu’il avait subit hier conjuguées aux douleurs dues à une activité physique intense rendaient les mouvements difficiles. Il prit le temps de manger un peu avant partir s’entraine, depuis plusieurs jours ils apprenaient un tas de pouvoirs différents comme saut, vitesse de Force ou l’esprit de bataille. Encore une fois ce fut une journée éprouvante et à la fin il leur dit qu’ils avaient beaucoup progressés même si il ne fallait pas être orgueilleux car leur niveau restait faible, pour quelqu’un aussi humilié que Oron l’avait été, c’était plus que suffisant pour son égo sous-développé. Il leur dit de se reposer et se préparer pour le lendemain alors le jeune homme demanda au Seigneur Sekot :

- Maitre, je peux vous poser une question ?

- Je t’écoute, qu’à tu as me demander ?

- Pour demain, on doit rester en bure d’apprenti ou prendre des vêtements plus passe partout ?

- Nous ne sommes pas en route pour conquérir un monde mais pour nous y infiltrer et obtenir ce que nous cherchons. Dès demain et jusqu'à nouvel ordre, passez-vous de vos tenues de Sith. Ensuite, il dit d’une voix un peu amusée. Le Makashi me paraît décidément fait pour toi. Merci de me l'avoir rappelé.

Décidément, l’humour – si c’était bien de l’humour - de son maitre lui échappait totalement, peut-être n’était il pas assez intelligent ou cela viendrait plus tard, en tout cas il fila et mangea avant de partir méditer puis dormir. La nuit fut courte mais pas tellement agitée. Le lendemain, il fouilla dans son casier et sortit les affaires qu’il avait étant esclave, ses habits était blanc et gris clair, il n’en avait pas le souvenir car depuis des mois ils n’avaient pas été lavés et il avait même oublié leur couleur d’origine tellement la saleté les avaient rendus marrons. Bref, il remit ses affaires et ensuite rejoint son maitre dans le hangar, grâce à la technique avec la Force que le Seigneur Sekot lui avait enseigné, et se tint droit à coté de lui le temps qu’il lui adresse la parole.

Après une bonne nuit de sommeil et de méditation, Dark Sekot s'éveilla en pleine forme. Pour une fois, il prit son temps pour se rafraichir et s'habiller. Comme souvent au cours d'une mission, il se vêtit d'une combinaison de combat moulante, dissimulée sous des habits civils de coupe standard : tunique aux tons rouges, pantalon confortable et bottes de ville récentes. Il prit même la peine de se grimer pour se vieillir. Il se rendit ensuite dans le hangar où il fut rejoint peu après par ses apprentis.

Parfait, vous êtes dans les temps. Nous sommes sortis de l'hyperespace il y a quelques minutes, nous allons finir le voyage en navette. Etant donné le trafic dans le secteur, il est hors de question que nous apparaissions dans le ciel de Recopia à bord d'un croiseur. Autant peindre une cible sur notre coque. Allez, montez.

Sans discuter, ils montèrent dans le petit vaisseau qui les avait amener à bord du Fléau avec Dark Sekot de nouveau aux commandes. Il fit effectuer à l'appareil un court saut en hyperespace pour ressortir dans la zone de transit contrôlé de Recopia. Aussitôt, le communicateur bipa. Dark Sekot prit un instant pour se concentrer sur son rôle puis ouvrit le canal.

# Vaisseau non identifié, transmettez votre signal de transpondeur. #

Bien reçu. Vous êtes un droïde ?

# Correct. Déclinez les noms et origines des passagers. #

Je m'appelle Keiran Estok, et je suis accompagné de mes fils. Nous venons d'Excarga.

# Leurs noms s'il vous plaît. #

Oron et Jarik. Ca suffira ?

# Suivez le couloir de circulation qui vous est attribué et laissez agir le pilote automatique. Ne résistez pas aux scanners de détections et ne provoquez pas de problèmes en orbite. Vous devrez remplir les formalités d'usage une fois au sol pour valider votre autorisation de demeurer sur Recopia. #

Parfait. Y'en a pour combien de temps ?

# Temps estimé, quatre heures. #

Sur ce, la communication coupa. Le Seigneur choisit de profiter du trajet pour briefer ses apprentis. Il se tourna vers eux et laissa le pilote automatique les conduire.

Ecoutez attentivement, je ne me répèterai pas. Pour l'heure, nous sommes une famille alors conduisez-vous comme si j'étais votre père et que vous étiez frères. Votre rivalité naturelle aidera les gens à y croire. Une fois au sol et les formalités passées, vous aurez quartier libre.... pas de faux espoirs, vous aurez apparemment quartier libre. Vous aurez ces puces de crédits, elles vous autorisent des dépenses importantes mais limitées, toutefois j'apprécierais que vous n'atteigniez pas ces limites. Vous êtes autorisés à vous en servir cependant dans une certaine mesure : je veux que vous recherchiez, par tous les moyens possibles et légaux, toutes les informations utiles pour localiser nos cibles. Nous cherchons une secte d'assassins, des Derviches Seyugi, mais faites preuve de subtilité. Je chercherais de mon côté mais avertissez-moi lorsque vous aurez des informations. Prenez ces comlinks et mon numéro.

La suite du transit fut plus tranquille, ponctuée par quelques consignes auxquelles Dark Sekot pensait soudainement. Finalement, ils purent atterrir (en s'affranchissant des taxes frauduleuses) et le Sith dut se plier à la dure loi de l'administration. Avec 37 minutes de tractations, le trio fut autorisé à se déplacer librement à la surface de Recopia. Ils sortirent du hangar ensemble.

Je déteste ces boîtes de conserve, encore plus dans le Noyau. Bon, les enfants, amusez-vous. On se retrouve au restaurant. Oron, surveille-bien ton frère et évitez les problèmes.

Ils se séparèrent alors, bien que le Sith garda un oeil (psychique) sur ses apprentis alors qu'il commençait à explorer les bas-fonds de la ville.

Suite

Suite de ce sujet

Alors que son maitre commençait à lui répondre, il fut interpellé par le médecin. Tout à coup tout se passa très vite, son maitre se dressa d’un bond et le docteur lui raconta des choses que le jeune homme n’arrivait pas à suivre. Ensuite son maitre lui ordonna de se rendre sur la passerelle pour annoncer les ordres du Seigneur Sith. Tout à coup une foule de droïdes arriva et tout le monde s'afférait autour des personnes qu’ils avaient ramenées. Sidéré par la situation, Oron regardait ça avec un œil interloqué, puis tout à coup son maitre le rappela à l’ordre. Cela fit sursauter le jeune homme qui n’avait jamais vu son maitre aussi stressé. Prestement il sortit de l’infirmerie et trouva relativement rapidement la passerelle où se tenait le second du Seigneur Sekot. Immédiatement celui-ci le remarqua et quand il comprit que le jeune homme avait quelque chose à lui dire il lui fit signe qu’il n’avait rien à craindre et qu’il pouvait s’avancer sans souci. S’approchant l’adolescent dit d’une voix un peu hésitante (il était impressionné par l’officier) :

- Le Seigneur Sekot aimerait qu’on passe en hyper-espace. Il m’a dit de vous le dire. Il était en bas avec les personnes qu’on a ramenées quand …

- Ne t’inquiète pas. Je te fais confiance.

- D’accord.

Alors le jeune homme fila, en réalité il savait que l’officier n’avait pas spécialement confiance en Oron mais il le savait suffisamment intelligent pour ne pas donner des ordres que son maitre n’avait pas agrées. Ayant une faim de loup il s’arrêta au mess pour grignoter du pain avec un peu de purée puis il repartit pour sa chambre où il s’assit en tailleur pour méditer. Beaucoup de questions demeuraient encore présente à son esprit. Après quelques heures il se leva, ses genoux lui faisaient atrocement mal, il était resté dans cette position trop longtemps. Fatigué il s’allongea dans ses couvertures espérant trouver rapidement le sommeil. Mais dans le noir il ne cessait de voir le visage de Patrocles et son corps transpercé. C’était terriblement angoissant pour lui. Ce ne fut que une heure avant l’entrainement qu’il réussit à dormir mais à peine eut-il fermé les yeux qu’un cauchemar lui apparut.

Il était tôt, le Soleil se levait à peine. Oron n’eut aucun mal à identifier les lieux, c’était la salle principale du monastère de Recopia. Il était horrifié, plus que jamais, en face de lui son maitre se tenait droit comme I jetant un regard presque méprisant à l’égard du jeune homme terrorisé, ensuite il lui dit :

- Tue cette personne. C’est ce que je veux est ce clair ?

Alors il se tourna un peu et vit la personne qu’il devait tuer. C’était sa propre mère. Non, non, jamais il ne le ferait. C’était impossible. Il se tourna vers son maitre qui le regardait avec un œil mauvais, il dit d’une voix implorante :

- Non. Maitre je vous en supplie, pas ça.

- Je me fiche que tu me supplies ou pas. Tu ne dois faire que ce que je t’ordonne et là je t’ordonne de tuer cette personne.

Alors l’adolescent se jeta à genoux et eut une voix plus implorante encore :

- Non, non. Tout sauf ça. Ayez pitié.

Tout à coup une vive douleur sur le crâne, son maitre venait de lui donner un coup de pied. A terre le jeune homme reçut encore plusieurs coups dans les côtes et les hanches. C’était très douloureux, peut-être une ou deux côtes brisées. Il implora alors le seigneur Sekot d’arrêter ce à quoi il répondit avec une voix doucereuse, comme si il prenait du plaisir à chacun de ses mots :

- Tu ne m’as pas dis que tu étais près à tout sauf à ça ? Donc je peux continuer, non ?

- Pitié.

- Tu connais le seul moyen d’arrêter cela.

Une fois de plus de violents coups le touchèrent. Par terre, sa douleur était immense mais pas suffisamment pour le faire tuer cet être si cher. Alors qu’il regardait le visage de son maitre qui semblait plutôt content, il vit ses yeux briller d’une lumière malveillante. Il venait d’avoir une idée. Il se retourna vers l’autre personne terrorisée et dit :

- Je vois que tu as besoin d’une motivation supplémentaire.

Alors une volée d’éclairs jaillie de ses mains et toucha la femme dans un cri de douleur atroce. Avec un rire mauvais il se retourna et dit :

- Cela te motivera surement plus. Si tu ne veux pas la voir souffrir, tu n’as qu’un moyen. La tuer.

C’était vrai. Oron pouvait encaisser les coups mais la voir souffrir était trop horrible pour lui. Alors que son maitre allait recommencer, il se jeta sur le corps affalé et planta son sabre à l’intérieur. Difficilement il se releva, le regard fixé sur le cadavre. Le seigneur Sekot commença :

- Retourne-toi. Ce que le jeune homme fit de mauvaise grâce. Tu m’as beaucoup déçu aujourd’hui.

Sans prévenir, il lança un grand coup de pied dans le sternum qui fit sombrer Oron dans l’inconscience en raison de la terrible douleur qu’il éprouvait. Il se réveilla dans son lit, son corps complètement empoissé par la sueur, il lui fallut presque dix minutes pour se remettre. Sa respiration haletante était entrecoupée de terribles tremblements. Lorsqu’il parvint à se calmer, il remarqua que l’il n’avait ni le temps de manger, ni même de se doucher. A peine sauta-t-il dans ses vêtements qu’il fila pour la salle d’entrainement plus fatigué qu’il ne l’était en se couchant. Au moins il arriverait à l’heure.

Un sursaut de volonté gagna l’esprit de cet être complètement déboussolé et incapable de raisonner. Malgré cela, la vie continuait de le quitter inexorablement et il sentait son âme quitter son corps et cela lui donnait l’impression de basculer dans un précipice. En même temps, il sentit près de lui un être s’éteindre. Ses sens atrophiés ne lui permirent presque pas de ressentir le contact d’une main sur sa tête, ni même qu’on le retournait sur le dos, ni encore ces mêmes mains apposées sur sa poitrine.

Par contre, il ressentit en lui une sensation étrange. Une sorte d’énergie qui le « ramenait » vers son corps, vers la vie. Il ressentit sur le coup une sorte de bien être du à la chaleur que cette intervention extérieure générait dans son âme. A ce moment, il sembla se calmer et replongea même partiellement dans sa stase d’avant cet éveil douloureux alors même que son esprit percevait à nouveau la mort d’un être près de lui.

Bien que ne ressentant toujours presque pas de contact sur son être physique, il sentit qu’on le bougeait, qu’on le déplaçait et qu’on le plaçait quelque part. Il ressentit à peine le contact de son corps avec une autre matière, puis petit à petit, le contact d’un liquide très légèrement visqueux et tiède. Tout son corps fut immergé par ce liquide mais il parvint à respirer par l’intermédiaire de ce qu’il lui sembla ressentir comme un masque respiratoire.

Plongé dans cette douce chaleur, ses convulsions cessèrent définitivement et son esprit replongea à nouveau dans un sommeil profond et sans rêve. Son état de santé était stable, pour le moment.

Dark Sekot se réveilla au moyen d'un réveil, chose assez rare pour être soulignée, et se leva lentement, l'esprit embrumé. Il fit appel à la Force pour se revigorer et s'habilla rapidement, la journée promettant encore d'être chargée. Il fit un tour rapide à l'infirmerie pour se rendre compte de l'état des Derviches. Le Nagai récupérait convenablement d'après le médecin mais nécessiterait encore de longs soins pour être apte à sortir du bacta. L'autre avait convulsé dans la nuit mais s'était stabilisé de nouveaux et son traitement allait être plus long. D'après le médecin, une infirmerie de combat n'était pas apte à de tels soins. Se promettant d'étudier le problème, le Seigneur Sith se rendit ensuite à la salle d'entraînement.

Il y fut rejoint peu après par ses apprentis. Jarik avait l'air plutôt en forme alors qu'Oron semblait sortir d'une traque dans les bas-fonds de Coruscant, complètement épuisé.

Bien, vous voilà. Notre mission a obtenu les résultats escomptés et vous avez globalement bien rempli vos devoirs. J'ai dit "globalement", ça ne sert à rien de te vanter Jarik. Pas plus que de s'apitoyer sur son sort. Ce matin, nous poursuivrons les exercices réalisés sur Recopia.

Il fit mettre les adolescents en position de méditation et les fit travailler leurs sens, comme toujours, avant de leur faire concentrer le Côté Obscur autour d'eux. Perturbé, Oron eut tout le mal du monde à y parvenir et se fit sévèrement rappeler à l'ordre lorsqu'il commença à user la patience de son professeur. Ils travaillèrent ensuite la lévitation, toujours plus compliquée, et poursuivirent la dissimulation de Force, en quoi les deux apprentis eurent de sévères difficultés. Ils semblaient tous deux absorbés par quelque pensée loin de l'entraînement. Agacé, Dark Sekot finit par les envoyer (au moyen d'une poussée de Force) manger en les avertissant sur la nécessité d'efforts l'après-midi.

En effet, à leur retour ils recommencèrent l'apprentissage du combat au sabre laser. Les mouvements habituellement assez précis d'Oron étaient devenus grossiers et malhabiles, ce qui finit par véritablement énerver le Seigneur Sith qui chassa finalement le jeune homme après l'avoir obligé à l'affronter. En dépit des fausses armes, l'ancien esclave s'en était tiré avec de beaux hématomes en n'évitant pas des coups normalement de son niveau. La séance s'acheva entre Dark Sekot et Jarik, qui développait une aura dense au fil de l'exercice. Il travailla plutôt bien mais commit l'erreur de laisser entendre que le Seigneur Sith ne devrait plus avoir qu'un apprenti, lui évidemment. Il fut brutalement remis à sa place et quitta la salle d'entraînement environ une heure après son "camarade".

Encore un peu fatigué, Dark Sekot se rendit sur la passerelle pour se rendre compte de la situation avant d'aller se reposer dans ses quartiers, tout étant sous contrôle. De son côté, Jarik alla voir Oron, chose particulièrement étonnante. Il simula une volonté de lui remonter le moral mais s'y pris fort mal (volontairement ?) et profita de l'inattention de son interlocuteur pour lui voler son ancien implant d'esclave en utilisant la Force. Ce faux-semblant entretenu, il alla également se coucher pour être pour le lendemain.

Même si il n’était pas arrivé en retard Oron fut immédiatement mis à très rude épreuve. Epuisé et distrait il faisait tout très mal et n’arrivait pas à se concentrer, plusieurs fois il fut violemment rappelé à l’ordre. Evidemment terrorisé par cela, le jeune homme se ressaisit mais pour quelques minutes seulement. Rarement il se sentait autant épuisé et l’énervement de son maitre ajoutait à ses angoisses. Vers les alentours de midi son maitre en avait tellement marre qu’il les repoussa jusqu’à la sortie d’une simple poussée de Force et les envoya prendre un repas. Malgré sa faim et la nécessité de se nourrir, Oron avait l’estomac noué et il parvint difficilement à manger un bout de pain mais le reste ne passa absolument pas. C’était donc l’estomac quasiment vide qu’il repartait pour la salle d’entrainement où ils reprirent le combat au sabre laser. Habituellement le jeune homme se débrouillait plutôt bien mais là, ces coups furent gauches et sa prestation fort mauvaise. Bien que cela terrifie l’adolescent, il n’arrivait pas à faire quelque chose de correct. Son maitre en fut si énervé que le jeune homme dut se mesurer à lui. Hélas ce fut comme tout le reste de sa prestation : pitoyable. D’ailleurs il en fut quitte pour de douloureuses ecchymoses et pour une exclusion. C’était bien la punition qui le terrifié le plus Oron, être si mauvais que son maitre ne le jugeait plus digne de son enseignement.

Rongé par une angoisse extrêmement profonde il fila directement à sa chambre, ce n’était pas la peine de s’arrêter au mess, il savait qu’il ne mangerait rien. Mais les quelques heures qu’il passa dans sa chambre ne furent guère plus productives, il se rongeait les sangs. Après avoir été exclu du cours de son maitre il se demanda comment avait-il pu en arriver là ? Comment avait-il pu se croire digne de cette éducation ? Décidément son ancien maitre avait raison, Oron était trop vaniteux et arrogant pour se rendre compte de sa risible importance. Jamais il n’aurait dû venir jusqu’à l’Académie. Il faisait perdre un temps précieux au Seigneur Sekot et il ne faisait rien pour apprendre correctement. C’était bien ce que son ancien propriétaire lui avait toujours dit. Alors l’adolescent commença à avoir des remords sur tout ce qu’il avait fait depuis un certain temps, jusqu’à l’assassinat de son ex-possesseur. Il aurait mieux fait d’accepter la réalité telle qu’elle se présentait et restait à sa place. Ainsi il se mit à avoir une profonde haine de lui-même et de ce qu’il pensait être son arrogance, sa vanité, …

Ses réflexions furent interrompues une fois par Jarik qui semblait venir le réconforter. Bien que chacun de ses mots sonnaient faux, Oron était trop perturbé pour se rendre compte du réel motif de sa visite. Après son départ il repartit dans ses angoisses et ne parvint à dormir que très tard, ou très tôt, tout dépend du moment de la journée qu’on considère. Mais à peine eut-il trouvé le repos qu’un nouveau cauchemar le hanta.

Comme la nuit précédente, il se trouvait dans la salle principale du monastère de Recopia alors que l’aube se levait, son maitre face à lui un regard hautain posé sur l’apprenti et il dit :

- Tue cette personne. C’est ce que je veux est ce clair ?

Détournant le regard le jeune homme vit que c’était sa propre mère qui était à coté, elle aussi pétrifiée. Pour lui il était impossible de faire ce qu’il lui demandait. Jamais. Jamais il ne le ferait. Malgré cette affirmation, il supplia son maitre :

- Maitre ! Pitié ! Pas ça ! Tout sauf ça !

- Es tu prêt à tout endurer pour ne pas tuer le sujet ?

- Oui ! répondit-il avec une voix désespérée.

- Soit.

D’une petite traction de Force, il arracha à l’adolescent son sabre et le mit à sa ceinture. Il arborait un sourire mauvais et suffisant, tout à coup une volée d’éclairs jaillit de ses mains. Puis une seconde. Pendant ce temps la prisonnière hurlait de douleur. A la troisième, Oron se jeta au milieu de la gerbe d’électricité et en intercepta l’immense majorité. A terre et tordu par la douleur, il se sentit soulevé puis balancé contre un mur. Après quoi les terribles volées de foudres reprirent, de même que ces horribles hurlements. Horrifié par la situation, le jeune homme se jeta sur son maitre ce qui l’empêcha de lancer une nouvelle rafale. Celui-ci ne tomba évidemment pas et n’eut aucun mal à repousser Oron. Hors de lui il lança :

- Tu as osé m’attaquer !

Tout son être reflétait le Coté Obscur, ses yeux étaient d’or et son visage exprimait une fureur inimaginable. Epouvanté par l’apparence de son maitre, il détala à travers le couloir. Sa peur était si grande qu’il arrivait presque aisément à passer à travers les étreintes de Force de son maitre. Rapidement il arriva dans le labyrinthe où il courra au hasard. Très vite il se retrouva dans un cul-de-sac, tandis qu’il entendait une voix dire :

- Oron ? Où es tu ? Ne t’inquiète pas, je ne te veux pas de
mal.

Le ton était mielleux comme un félin s’apprêtant à attraper sa proie et savourant le plaisir de le savoir piégé. Absolument terrorisé par la situation, l’adolescent se recroquevilla dans le coin. Par réflexe il présentait ses jambes et ses bras à la personne qui allait la battre, protégeant ainsi ses organes vitaux et sa tête. D’un coup il vit le Seigneur Sekot sortir du détour du couloir. Dans le noir il ne voyait pas son visage mais sa voix, il l’entendait, elle avait quelque de chose de rassurant mais d’une certaine manière, les propos sonnaient faux :

- Ne t’inquiète pas Oron. Tu ne risques plus rien. Tu n’auras pas à la
tuer.

- C’est vrai ?

- Oui. Je te le jure.

Alors il tapota d’une main gentille l’épaule d’Oron et l’aida à se remettre debout. Il se comportait comme on l’aurait fait avec un enfant, en se tenant derrière l’adolescent comme si il voulait le protéger de tout péril. Mais une fois arrivé dans la salle principale, le jeune homme fut projeté contre un mur puis un champ d’énergie apparut, il lui bloquait toute sortie. Avec un grand sourire le Seigneur Sekot dit :

- Je ne t’ai pas menti. Tu n’as rien à faire.

Ainsi Oron assista impuissant à une véritable séance de torture sur quelqu’un qu’il chérissait plus que tout autre. C’était insoutenable pour lui, si bien qu’il commença à vouloir sortir en donnant de grands coups de pieds et de poings dans le bouclier mais il n’en récolta que douleurs et hématomes. Cela continua durant une à deux heures, durant lesquels les cris furent autant de supplices que la vision de ce presque cadavre. Une fois le « sujet » comme son maitre l’appelait mort, celui-ci s’approcha et se baissa un peu pour se mettre au niveau d’Oron puis il dit impassible :

- Tu vois tu aurais tué le sujet, tu n’aurais pas du à endurer tout ça.

Effondré par les propos qu’on lui tenait, le jeune homme tenta à nouveau de repousser son maitre mais cette fois-ci avec la Force. Évidemment ce fut un échec total qui ne fit qu’énerver encore plus le Seigneur Sekot qui commença à le battre avec grande violence. Ce ne fut qu’à un moment où projeté contre un mur, il s’évanouit qu’Oron se réveilla. On eut crut qu’il sortait d’un bain d’eau, son lit était si trempé que le mettre sous la pluie aurait été pareil. Terriblement angoissé, il haletait et se mit même à sangloter. Ce cauchemar avait fait s’effondrer sa volonté et il avait perdu ce qui lui rester de contrôle de soi-même. Il pleurait, hurlait et n’arrivait pas à se maitriser. Cependant, inconsciemment il s’était tellement rendu compte du caractère horrible de ce cauchemar qu’il avait voulu le partager, ne serait-ce que pour apaiser sa peur, évidemment il l’avait fait avec la personne à laquelle il s’était le plus attaché même si il en avait peur : son maitre qui avait pu voir cet horrible rêve dans les yeux, le corps et l’esprit de son apprenti.

La nuit s'annonçait paisible pour le Seigneur Sith qui, après une petite séance de méditation, s'était endormi tranquillement. Pourtant, alors qu'il était plongé dans un sommeil profond, son esprit s'agita. Ses rêves changèrent, tout d'abord brouillés, puis devinrent tout autre chose, les images et sensations s'imposant à lui.

Sans comprendre pourquoi, il se retrouva au monastère et se vit lui-même, se reconnaissant et se trouvant extrêmement différent à la fois. Alors qu'il éprouvait une angoisse indescriptible, il comprit qu'il n'était pas son propre esprit. Il entendit alors sa propre voix, arrogante et autoritaire.

Tue cette personne. C’est ce que je veux, est-ce clair ?

Involontairement, il tourna la tête et découvrit une femme, terrifiée par le faux lui. Sans trop comprendre pourquoi, Dark Sekot sentit que jamais il ne parviendrai à accomplir un ordre si terrible. Terrible ? Banal plutôt ! Il s'entendit même se supplier.

Maitre ! Pitié ! Pas ça ! Tout sauf ça !

Es tu prêt à tout endurer pour ne pas tuer le sujet ?

Oui ! répondit-il avec une voix étrangement désespérée. Au timbre de voix, il comprit qu'il était dans le corps d'Oron. La femme devait être un de ses proches qu'il redoutait de perdre.

Soit.

Son arme, ou plutôt l'arme d'Oron, lui fut alors arraché sans qu'il puisse résister. Apparemment, le jeune homme ne se croyait pas capable de lutter, mais en rêve. Et il remarqua un sourire qu'il n'aurait jamais cru voir sur son visage, mais après tout il n'était que rarement hors de son corps. Alors que son alter ego attaquait la femme - la mère d'Oron peut-être ? - il fut pris d'une véritable panique, incontrôlable et ne put s'empêcher d'intercepter les éclairs de Force. La souffrance fut insoutenable et la partie de l'Oron du rêve qui abritait son propre esprit se demanda si c'était vraiment aussi douloureux ou simplement amplifié par le cauchemar. Il se rendit à peine compte d'avoir heurté un mur. Ce rêve était diablement réaliste. Il pensait toutefois avoir atteint le summum de l'inconscience mais Oron se jeta sur... et bien sur lui, tout ça pour être repoussé brutalement comme il l'aurait fait en réalité. Il ne fut donc pas étonné de se voir s'énerver.

Tu as osé m’attaquer !

Néanmoins, il dut reconnaître que son moi alternatif était inquiétant, même terrifiant pour le jeune homme, et il peinait à réprimer les sensations de son "hôte" qui réagit naturellement et fuit. Le cauchemar gagnait en intensité et la terreur d'Oron commençait à le dominer, aussi tenta-t-il de reprendre le contrôle de son esprit mais il n'y parvint pas. Finalement bloqué, sa propre voix résonna à ses oreilles.

Oron ? Où es tu ? Ne t’inquiète pas, je ne te veux pas de
mal.

Se connaissant très bien, il reconnut là un mensonge ignoble mais sentait son corps du moment complètement paralysé et se protégea d'instinct. L'attitude lui suggéra que le jeune homme avait si souvent souffert que même ses rêves en était marqués. Il sentit la profondeur du Côté Obscur lorsque son alter ego se montra, terriblement assombri.

Ne t’inquiète pas Oron. Tu ne risques plus rien. Tu n’auras pas à la
tuer.

C’est vrai ?

Oui. Je te le jure.

Il fut alors rassuré mais ne se sentit pas mieux, redoutant un piège et ne fut pas surpris lorsqu'il fut piégé par un champ d'énergie. Il ressentit alors un immense élan de désespoir. Il ne se souvenait avoir jamais été aussi cruel avec un apprenti.

Je ne t’ai pas menti. Tu n’as rien à faire.

Le sujet souffrit alors de nombreuses tortures différentes et la panique d'Oron menaça de noyer son propre esprit, en même temps que sa haine croissait. Stupidement, vainement, il ne put s'empêcher de frapper le bouclier en dépit de la douleur. L'amour éprouvé par Oron pour cette femme était intéressante, une bonne piste à exploiter plus tard, mais plus subtilement. Finalement, il crut mourir en sentant la mort de la femme, dont il se fichait pourtant lui-même. Du moins le crut-il car les émotions du jeune homme commençaient à trouver une certaine résonance au fond de lui. Puis il se vit lui-même, aussi tranquille qu'avant un combat.

Tu vois tu aurais tué le sujet, tu n’aurais pas du à endurer tout ça.

Il sentit alors la dévastation en Oron, et sa propre peine, difficilement explicable, et agit de nouveau inconsidérément. Il tenta de s'hurler qu'il n'était pas de taille mais attaqua, échoua et fut sévèrement rossé. La douleur était presque trop intense et il se débattit de toutes ses forces pour retourner à la réalité, ce qu'il ne réussit qu'au moment où il fut propulsé contre un mur. Il se réveilla brutalement en criant en relâchant une vague de Force dans la pièce, renversant le mobilier et brisant les quelques objets décoratifs. Il était complètement en nage et sentait, quelque part dans un coin de son esprit, un puissant sentiment de désolation et désespoir. Ce ne fut qu'à cet instant qu'il comprit à quel point ce qu'il avait imposé avait affecté Oron, à un niveau qu'il n'aurait pas soupçonné ni toléré s'il l'avait su plus tôt, il fallait l'avouer.

Il se leva et se doucha, autant pour se laver que s'éclaircir les idées et, sans tenir compte de l'heure très matinale, se rendit à la salle d'entraînement où il commença à enchaîner les séquences au moyen de son sabre laser à lame argentée. C'était pour lui bien plus efficace qu'une simple méditation. Au bout d'un moment, il activa un droïde d'entraînement et le programma pour qu'il dépasse les réflexes humains normaux, avant de débuter un combat. Absorbé par ses mouvements et ses pensées, il ne remarqua pas l'arrivée de ses apprentis. Il s'en aperçut après une dizaine de minutes et raccrocha son arme à sa ceinture. En sueur, encore une fois, il n'avait pas véritablement l'allure d'un Seigneur Sith mais une indéniable aura de puissance l'entourait.

Encore à l'heure. Bien, très bien. Nous allons poursuivre sur les bases d'hier, mais différemment. Oron, nous devrons parler de cette nuit à la fin de la journée. Commençons.

Les exercices abordèrent un jour nouveau et ils recommencèrent à s'exercer avec des balles, s'entraînant cette fois à les expulser avec force et précision, avant de tenter la même chose sur Dark Sekot lui-même. Seul Jarik obtint un semblant de résultat, Oron étant encore plus pitoyable que la veille. L'expérience nocturne ne l'avait visiblement pas aidé. Après le repas, qui s'était déroulé normalement cette fois en dépit de la frustration du Sith, ils reprirent l'entraînement au sabre laser et combat à mains nues. Profitant de ce que Dark Sekot allait chercher des équipements pour l'entraînement, Jarik trafiqua quelque chose près de la bouteille d'eau du Seigneur Sith, mais celui-ci ne s'aperçut de rien.

Il corrigea plusieurs fois les adolescents, surtout Oron qui eut droit à plusieurs coups sur les avants-bras ou dans les cuisses pour corriger sa posture. Il fut moins dur que la veille, mais tout aussi exigeant. Il tenta à diverses reprises de réveiller l'étincelle du Côté Obscur en Oron et de transformer sa douleur en haine mais rien ne marcha. Finalement, il fit s'arrêter l'entraînement et rangea le matériel alors que Jarik partit.

Oron, viens par ici.

Il but une gorgée d'eau pour se réhydrater. Il se sentait desséché depuis quelques heures.

Dis-moi. Que peux-tu me dire sur ce qu'il s'est passé cette nuit ?

Mettant un certain temps à se calmer Oron s’aperçut qu’il était relativement tard, comme le jour précédent il n’eut le temps que de sauter dans ses vêtements pour partir vers la salle d’entrainement. Même si il arriva un peu en retard il n’eut à rien à subir. En effet son maitre semblait s’entrainer et ne désirait pas encore s’occuper de ses élèves. Dix minutes plus tard, le Seigneur Sekot se retourna et leur dit qu’il continuerait les entrainements de la veille, puis il précisa à Oron qu’il devrait lui parler de ce qu’il s’était passé cette nuit. Le jeune homme ne voyait pas de quoi il parlait. Il se rendit à l’évidence, il voulait parler de son cauchemar. Mais pourquoi lui en parler ? Il ne l’avait jamais fait et même si celui-ci était particulièrement horrible, cela l’étonnait de voir son maitre s’en soucier.

Durant l’entrainement le jeune homme s’aperçut qu’il était encore plus mauvais que la veille. Il se demandait réellement comment son maitre pouvait l’avoir choisi. Même si il fut plusieurs fois réprimandé, l’adolescent reçut des punitions moins violentes et ils prirent un repas plus ou moins normal où Oron mangea encore très peu. Ce qui était fortement dommageable puisqu’il avait besoin de nutriments pour tenir. L’après-midi fut également très difficile, surtout physiquement car épuisé le jeune homme effectuait pitoyablement des mouvements lents et malhabiles. Divers muscles tiraillés par la douleur et avec plusieurs hématomes, la fin du cours fut un soulagement pour l’adolescent qui s’apprêtait à partir quand son maitre l’appela pour lui demander ce qu’il s’était passé cette nuit. Le jeune homme ne sachant absolument pas qu’il avait partagé un rêve avec son maitre, il balbutia :

- Vous … vous voulez parler de quoi ? il hésita quelques secondes et dit. De mon cauchemar ?

Apparemment, Oron était quelque peu inquiet à l'idée de parler avec Dark Sekot, ce qu'il comprit étant donné la façon dont il avait été perçu au cours du cauchemar. Il se racla la gorge, et fronça les sourcils en déglutissant, avec l'impression d'avoir avalé quelque chose de râpeux.

Bien sûr. Je sais ce que tu as rêvé car je l'ai également vécu.

Devant l'air d'incompréhension du jeune homme, il s'expliqua.

Vois-tu, cette nuit ta panique a amplifié tes pouvoirs, tes capacités dans le Côté Obscur et tu m'as inconsciemment attiré dans tes songes. Aussi sais-je tout ce qui t'as hanté cette nuit. Seulement...

Il fut pris d'une quinte de toux qui lui donna l'impression de s'arracher les poumons. Un mal de crâne le saisit également. Sa soif était incroyable.

Je veux savoir... comment tu as vécu ces derniers jours, et surtout, si tu désires toujours suivre mon enseignement.

Lorsque son maitre lui dit qu'il avait vécu, Oron fut pétrifié. Il avait osé faire partager un rêve à son maitre, enfin un cauchemar plutôt. Cela le terrorisa que son maitre puisse avoir une mauvaise image du jeune homme qui l'imaginait dans ses cauchemars comme un être totalement mauvais. Ensuite il lui demanda deux choses auxquelles le jeune homme mit quelques secondes avant de répondre.

- Euh ... ces derniers ont été plutôt horribles. Je n'arrive pas à dormir et quand je m'endors je fais des cauchemars, je suis toujours fatigué, je n'arrive pas à manger. Je n'arrive pas à me concentrer. Mon esprit s'égare tout le temps dans d'horribles angoisses, c'est terrifiant. Mais je ne rêve que d'être votre apprenti mais je doute que vous acceptiez quelqu'un d'aussi mauvais que moi, non ?

Dark Sekot allait répondre à son apprenti pour le faire se ressaisir, lui faire reprendre confiance, quand une douleur effroyable le plia littéralement en deux. Essoufflé, il tomba, un genou à terre, et s'appuya sur le sol en attendant de récupérer. Ses mains tremblaient et il était assoiffé. Il s'empara de sa gourde mais recracha immédiatement : l'eau avait un goût immonde.

Pouah ! Mais, qu'est-ce que...

Le Seigneur Sith se fondit brièvement dans la Force et sentit le poison se répandre dans ses veines, le dévorant de l'intérieur tel un acide. Il s'était laissé piégé, à l'intérieur de son propre vaisseau qui plus est. Sa colère remplaça sa peur et grandit exponentiellement, intensifiant sans cesse l'aura de Côté Obscur qui l'entourait. D'une simple impulsion, il broya la gourde avec la Force et se rendit compte que ce simple effort l'épuisait et, malheureusement, les pouvoirs curatifs de la Force ne comptaient pas au rang de ses plus grands talents.

Appelle le méde...

Il posa alors ses yeux sur Oron et comprit. Ses yeux s'écarquillèrent alors qu'il réalisait que le jeune homme, désespéré et haineux de lui qu'il voyait comme un homme particulièrement cruel, avait décidé de se venger. Certes, il suivait le Côté Obscur, mais à mauvais escient. Son regard stupéfait changea devant l'apprenti terrifié, et son visage devint le reflet de sa fureur, les yeux flamboyants. Incapable de se redresser, il laissa exploser sa haine. Une volée d'éclairs manqua le jeune homme de quelques centimètres alors qu'il tournait les talons et s'enfuyait.

REVIENS, lâche !

Furieux, il détacha son sabre laser de sa ceinture et le lança de toutes ses forces. La lame incandescente se planta dans la paroi à côté de la porte, frôlant Oron, puis celui-ci échappa au champ de vision du Seigneur Sith.

Alors qu’il finissait de lui répondre, son maitre se plia en deux et mit un genou à terre. Ses mains tremblantes cherchaient sa gourde. Oron était pétrifié, ne sachant quoi faire pour aider son maitre. Mais à peine eut-il but une gorgée d’eau qu’il la recracha et il commença successivement deux phrases en écrasant sa bouteille. Affolé le jeune homme voulait faire quelque chose mais quoi ? Que faire ? Puis il vit les yeux que son maitre posa sur lui, ils étaient couleur or. Même Oron pouvait lire en eux, ils exprimaient la colère, pire la fureur. Qu’avait-il fait pour mériter si grande haine ? Terrifié il tituba de quelques pas en arrière et une volée d’éclairs le frôla. Terrorisé il regarda l’espace d’un instant son maitre puis il se mit à courir alors que son maitre lui hurlait dessus et que son sabre se planta contre la porte juste à coté de lui.

Il ne faisait que courir de peur que son maitre le rattrape et ne l’achève. L’adrénaline avait afflué dans ses veines et il ne ressentait pas de fatigue. Il cherchait uniquement à fuir le plus loin possible, sans regarder en arrière. Au bout d’un moment il se rappela qu’on aurait pu le pister grâce à sa connexion à la Force, il appliqua le pouvoir de dissimulation de Force. On ignore ce qu’on peut faire sous l’effet de la peur, Oron lui arrivait à manier la Force avec une aisance impressionnante. Ainsi il se remit à courir et tout à coup il vit une petite ouverture, il se faufila à l’intérieur et avança le plus vite possible. Si son maitre le suivait, il aurait du mal à entrer et surtout avancer plus vite que lui. C’était l’un des avantages de sa taille relativement petite et son faible gabarit. Puis tout à coup, le conduit se fit très pentu et le jeune homme glissa à une vitesse ahurissante. Il eut l’impression qu’il traversait tout le navire dans sa hauteur puis tout à coup il se retrouva à l’air dans une salle aux vastes dimensions. Il tombait dans le vide puis se retrouva dans une matière molle. Alors il bougea dans tous les sens, il voulait sortir. Au bout d’un moment il parvint à s’extirper et à rouler en bas où il se retrouva dans une eau noire. Se relevant, Oron sentit une odeur immonde, à en vomir. Le jeune homme s’aperçut qu’il était entièrement mouillé par cette eau putride. Il comprit qu’il était dans le vide-ordure du navire.

Puis tout à coup il se rappela pourquoi il était arrivé là. Il fuyait son maitre. Immédiatement il partit dans le coin le plus sombre de la pièce et se plongea quasiment entièrement dans cette eau immonde avec seulement la tête en dehors. Il était terrifié que son maitre arrive, il resta ainsi une dizaine d’heures dans l’eau glacé, tétanisé. Les vagues d’angoisses qu’il ressentait étaient parmi les plus fortes qu’il n’eut jamais rencontrées. Au bout d’une heure ou deux seulement il avait perdu la notion du temps des heures auraient pu s’écouler alors qu’il imaginait que ça durait que quelques minutes et inversement. Il faisait froid, terriblement froid, cette partie du vaisseau n’était pas chauffée et à peine éclairée.

Une fois qu’il était plus ou moins sûr que son maitre ne l’avait pas suivi –il lui avait fallu dix heures pour s’en convaincre-, il se leva et fit le tour de la pièce. Elle était en forme de carré, à un angle il y avait une porte et une petite corniche hors de l’eau la ceinturait, en outre il y avait l’énorme tas de détritus au centre dans lequel le jeune homme était tombé. Évidemment il y avait une multitude de petites bouches de conduits au plafond et sur le haut des murs. Alors qu’il repoussait une mèche de cheveux, il s’aperçut qu’il y avait quelque chose de gluant et répugnant attaché à sa chevelure, pendant près de deux heures il essaya de l’enlever mais il y en avait trop pour des cheveux trop fins. Au bout d’un certain temps, il désespérait d’y arriver et décida de ne plus y toucher. Par contre il ôta ses vêtements, ceux-ci gorgés d’eau étaient aussi pesants que froids, en plus ils étaient sales et déchirés par la chute dans le conduit. D’ailleurs, chose qu’il n’avait pas remarqué Oron avait une multitude d’éraflures et autres entailles sur le buste, les bras et les chambres, sûrement des piques ou mauvaises jointures dans le tuyau. Dans l’espoir de les faire sécher, il les étala tant bien que mal sur la corniche près de la porte et s’assit tant bien que mal un peu plus loin.

Le froid le prenait et il ne cessait de frissonner. En même temps il repensait à ce qu’il s’était passé. Qu’allait-il faire maintenant que son maitre l’avait chassé ? Allait-il vivre ici encore longtemps ? Peut-être le Seigneur Sekot allait-il le retrouver ? Mais alors que lui ferait-il ? Non, non, il ne fallait pas y penser. Mais malgré ses bonnes résolutions il ne cessait d’y penser, le torturerait-il ? Oui sûrement. Il le punirait pour quelque chose qu’il n’avait pas commis. C’était peut-être ce qui lui faisait le plus mal. Se savoir innocent et en même temps condamné. Plusieurs heures passèrent ainsi où le jeune homme oscillait entre la terreur et l’espoir de ne jamais être retrouvé, voir mort. De toute façon il n’avait plus rien à perdre, qu’allait-il faire si il parvenait à fuir le navire sans se faire attraper par le Seigneur Sekot ? Redevenir esclave ? Non, non. Tout sauf ça. Mais que savait-il faire d’autre ? Rien, rien. Il n’y avait qu’une seule chose à faire : mourir. C’était simple, laisser faire le temps. Il n’y avait rien à manger, ni à boire ici, à part cette eau croupie sûrement infectée par toutes les maladies existantes.

Au fur et à mesure les heures passant, le jeune homme avait l’impression de devenir fou et il chercha à dormir un peu. Alors il se cala sur la corniche latéralement et reposa sa tête sur ses vêtements maculés. Fatigué comme il l’était, il s’endormit relativement vite mais hélas, ce ne fut que pour sombrer dans un cauchemar. Il se voyait torturé par son maitre, la douleur et la souffrance était atroce. Largement supérieur à tout ce qu’il avait pu vivre. C’était horrible d’autant que le Seigneur Sekot paraissait prendre un plaisir extrême à cela. Il se réveilla dans un sursaut qui le plongea dans l’eau croupie. Il était en proie à la panique et avait l’impression de se noyer. En réalité il se noyait, il avalait de l’eau et au bout d’un certain temps il parvint à revenir à la surface et recracha toutes les gorgées qu’il avait ingurgitées. Après cette mésaventure fort regrettable, il se rassit sur la corniche. Effrayé par ce qu’il venait de se passer, il resta une heure à y repenser puis remarquant que ces vêtements n’étaient plus sur la corniche il partit à leur recherche et les retrouva encore dans le liquide visqueux qu’il arpentait.

Après plusieurs heures encore à tourner en rond, le jeune homme commençait à être rongé par la faim et la soif. Mais il était sûr de ne pouvoir boire cette eau immonde alors il entendit un bruit. Quelque chose tombait à travers les conduits, une petite bouche près de la corniche s’ouvrit et il remarqua ce qui tombait, il se jeta dessus et tenta d’en retenir un maximum. A la fin il se retrouva avec une petite poignée de choses à manger, c’était sûrement des restes de quelques repas. Affamé il lui fallut qu’une petite poignée de secondes pour dévorer sa pitance. Il ignorait le temps qu’il avait passé ici, avec l’angoisse et l’inactivité, il avait l’impression que cela faisait des mois, d’autant qu’il n’avait aucun point de repère. Les heures passaient, les heures passaient. Rien ne briser cette monotonie.

Du moins jusqu’à qu’il entende des bruits de pas dans le couloir, même si il n’avait cessé de se dissimuler dans la Force, il savait que c’était son maitre qui venait pour lui. Il en était persuadé, il n’y avait qu’une solution : se cacher. Avant qu’il n’arrive à la porte, le jeune homme se terra discrètement dans le tas d’immondice au centre. Alors il entendit la porte s’ouvrir. Tout à coup il se rendit compte qu’il avait oublié ses affaires sur la corniche. Son maitre saurait donc qu’il était ici. Désormais il faudrait fuir, c’était la seule et unique solution. D’un coup il entendit des bruits de pas dans l’eau. Lorsqu’ils furent derrière lui, à l’angle opposé à la porte, il sortit tel un éclair et se précipita dans le couloir. Il ne pensait qu’à courir, le plus vite possible. Lorsqu’il leva la tête, il eut une lueur d’espoir, la porte du fond était encore ouverte, il pouvait espérer semer son maitre à travers le navire.

Mais lorsqu’il s’approcha, celle-ci se ferma avec une rapidité étonnante. Se retournant il vit le Seigneur Sekot à l’autre bout du couloir, il venait de sortir du vide-ordure. Le jeune homme était pétrifié. Tout ce qu’il avait subit ne servirait à rien, il allait finir torturé et tué. Par réflexe, il chercha à se protéger. Alors il se recroquevilla dans l’angle. Les murs protégeraient ses flancs et son dos. Ses jambes empêcheraient aux coups de porter sur son ventre ou son buste tandis que ses bras protégeraient la tête. Il était terrorisé, il sanglotait, il pleurait voir il hurlait. L’espace d’un instant il eut un espoir, qui ne pourrait pas avoir de la compassion pour un être aussi misérable, sans vêtement, couvert d’immondice, le visage sûrement marqué par le manque de sommeil, de nourriture et d’eau, l'odeur infecte qu'il devait dégagé. Mais l’instant d’après, il se rendit compte que la personne en face de lui n’était pas quelqu’un d’ordinaire mais un Sith. Cela glaça le sang d’Oron qui n’arrivait pas à imaginer ce qu’il allait lui faire subir. Alors qu’il se rapprochait, il le suppliait d’une voix hachée par sanglots :

- Pitié … je vous en supplie … c’est pas moi … j’ai pas voulu vous tuer … Pitié … et il continua ainsi alors que son maitre s’approchait.

Lorsqu'Oron échappa à la vue de Dark Sekot, ceci décupla sa rage, déjà alimentée par sa douleur, sa peur de mourir et sa colère de s'être fait avoir par un simple apprenti. Le Côté Obscur déferla dans son corps et, à défaut de le guérir, le souleva et le propulsa. Il réalisa un bond fulgurant vers la sortie, récupérant son arme dans la foulée, et se réceptionna sur la paroi qui émit un bruit infernal sous le choc. Il se mit ensuite à courir dans les coursives en direction du jeune homme qu'il sentait proche quand soudain... plus rien.

Stupéfait il arrêta sa course et mit quelques instants à comprendre que ses enseignements s'étaient retournés contre lui. Mais, le temps qu'il comprenne, sa haine s'était atténuée et le Côté Obscur se fit moins intense autour de lui. La douleur revint, jusque dans ses os, lui donnant l'impression que chacun de ses organes était écrasé dans un étau, et il s'effondra sur place. Heureusement, Jarik arriva au détour de la coursive peu après et fut littéralement stupéfait de voir son Maître à terre, à cet endroit.

Maître, que ... ? Comment vous... ?

Aide... appelle... (il étouffa un cri de souffrance en se mordant la lèvre jusqu'au sang)... le médecin.

Apparemment apeuré, désappointé et inquiet, le jeune homme s'exécuta et le Seigneur Sith put être rapidement transporté à l'infirmerie où il fut pris en charge. Le diagnostic tomba rapidement : il avait été empoisonné, avec ... le docteur fut stupéfait. Une fois son patient sous antidote et après une injection de bacta pour soigner les dégâts internes, il se décida à dire au Sith ce dont il souffrait.

Seigneur Sekot, vous avez été empoisonné...

Je le sais.

Je n'avais pas fini, Seigneur. Ce poison est diablement efficace et est connu pour tuer sa victime en quelques minutes normalement. Il a visiblement été dilué dans votre eau, ce qui a dut en atténuer les effets... ou alors la Force vous rend vraiment plus résistants que le commun des Humains.

Les deux je pense. Et d'où vient ce poison ?

Et bien, je ne comprend pas comment mais... c'est le toxique usité généralement sur les mondes de la Bordure Extérieure pour maintenir le contrôle sur les esclaves. Du moins d'après mes droïdes assistants.

Tout à fait Médecin-Capitaine. D'ailleurs il est fait référence sur HoloNet de très exactement 1662992 articles comportant les mots-clé...

Ca ira, merci. Seigneur, quoi qu'il en soit, vous êtes en repos forcé pour les 48 prochaines heures. Ah, et le Commandant demande votre autorisation pour démarrer une enquête interne.

Ce n'est pas la peine, j'éluciderai ça moi-même. Mais qu'il surveille les senseurs internes, au cas où.

Il était donc contraint de demeurer à l'infirmerie à cause d'une toxine provenant d'un implant de contrôle des esclaves. Mais où ... ? Bien sûr, Oron. Décidemment, il avait fort mal dissimulé ses traces. Dark Sekot aurait du le tuer immédiatement quoique... Quelque chose au fond de son esprit le dérangeait dans cette affaire mais il ne parvenait pas à déterminer quoi. La fatigue le prit et il s'endormit, vaincu par l'épuisement due au poison et les médicaments pour le traiter.

A son réveil, il était tout aussi fatigué malgré ses efforts pour récupérer avec la Force. Son esprit lui semblait brouillé. Selon le médecin, l'antidote était un produit très puissant mais également sédatif, ce qui expliquait ses difficultés à se concentrer. Au fur et à mesure que son sang était purgé de la substance mortelle, le Seigneur Sith sentit la douleur s'atténuer pour devenir un simple engourdissement puis sentir de nouveau la vie dans son corps. Il décida de commencer à s'occuper, pressentant que même son autorité ne pourrait le faire sortir de l'infirmerie sans l'obliger à dévaster l'endroit. L'entêtement des médecins était aussi légendaire que la fureur des Sith.

Il travailla tout l'après-midi sur les rapports concernant les Derviches Seyugi et leur état de santé. Le temps de congélation qu'ils avaient connus risquaient de les avoir trop affaiblis pour survivre. Toutefois, les deux présents dans l'infirmerie évoluaient favorablement. Puis ce fut l'esprit en ébullition, occupé par les derniers évènements, qu'il s'endormit.

Au réveil, il se sentait encore bien mieux et commença à réfléchir à son empoisonnement. Une partie de lui doutait qu'Oron ait vraiment été capable de préméditer sa force alors qu'il semblait parfois apprécier cette nouvelle vie, d'autant plus qu'un meurtre l'avait bouleversé, une autre en était persuadée et croyait fermement que le désespoir l'avait poussé à l'éliminer. Et si ce n'était pas lui ? Qui d'autre ? Ses soldats ? Aucun ne l'avait approché d'assez prêt. Le médecin ? Il connaissait de meilleurs moyens de tuer et n'en tirerait aucun bénéfice. Jarik ? Il était habité par suffisamment de haine mais celle-ci était dirigée contre Oron. A moins qu'il se soit agit d'un acte désespéré ? Encore le désespoir, et le "maître" actuel en la matière était l'ancien esclave, tout semblait l'accuser du point de vue du Seigneur Sith. Pourtant, le doute le taraudait de plus en plus. Hanté par ses questions, il finit par s'endormir pour vivre une nuit agitée.

Il se réveilla en sursaut et s'assit sur le bord de son lit, la tête dans les mains pour réfléchir. Un droïde vint le voir mais il le repoussa.

Seigneur, encore quelques heures d'observa....

Il s'effondra, désactivé grâce à la Force. Dark Sekot se leva, déterminé, et s'habilla dans sa tenue complète de Maître Guerrier : sa robe de Seigneur rappelant son rang et sa combinaison de combat, bien plus fonctionnelle. Il réfléchissait toujours et voulait résoudre cette énigme.

# Tout d'abord, le retrouver. Mais où ? Il se cache de moi dans la Force. D'après les rapports, les senseurs internes ne l'ont détecté nulle part et il n'a pas la carrure d'un soldat... il ne doit plus être que l'ombre de lui-même, un déchet en somme... un déchet ! Les conduits à ordures, non surveillés ! #

A grand pas, il gagna la porte qui donnait sur le réservoir des ordures du vaisseau et fut d'emblée incommodé par l'odeur. Ne voyant et ne détectant rien, il s'avança dans les immondices et commença à fouiller. Soudain, un éclair passa à l'extrémité de son champ de vision et il se retourna pour voir un pan de vêtement d'Oron passer la porte. Il sortit à son tour et vit immédiatement que ses hommes surveillaient activement les senseurs et avaient fermé le secteur en repérant le jeune homme.

Il s'avança lentement vers Oron, paniqué, tout en gardant un air aussi calme que possible. Il était tout simplement pathétique, recouvert de déchets, trempé jusqu'aux os, épuisé et terrorisé. Sans tenir compte de ses supplications, le Seigneur Sith s'avança vers lui, lui attrapa fermement l'épaule et le souleva presque du sol pour le plaquer dos au mur.

Et pourquoi devrais-je te croire ?

Terrorisé Oron était recroquevillé contre le mur quand son maitre le souleva du sol avant de le plaquer sur le mur. Le jeune homme était terrifié et toutes ses supplications n'avaient apparemment pas attendri son maitre. Il savait qu'il n'avait rien fait mais comment le prouver ? Sa voix était marquée par peur et il dit suppliant :

- Mais ... maitre ... pourquoi ... pourquoi j'aurais fais ... ça ?!? ... Je ... je ne me permettrais jamais de ... tuer quelqu'un d'aussi ... puissant que vous ! ... J'en ai pas le ... droit ! ... J'aurais ... jamais ... fais ça ! Je vous supplie de me croire ! Je .. je ne connais même pas ... ce qui vous a ... empoisonné ... Pitié, croyez-moi ! Je vous en supplie ... ne me torturez pas ! Je ferais tout ce que vous ... voulez ! Pitié ! Faites de moi un ... esclave ... si vous le voulez ... mais je vous supplie de ne pas me torturer ou tuer ! Pour qu'il proposa cette dernière alternative, alors qu'il n'aurait jamais accepté de revenir à cette condition, c'est que Oron devait être particulièrement horrifié et terrifié.

Son esprit commença à émerger de son sommeil et il sentit une sensation étrange. Il flottait dans un liquide tiède. Quelque chose fixé sur sa bouche lui permettait de respirer. Il ouvrit lentement les yeux. Sa vision était trouble, très trouble. La seule chose qu’il distingua en premier lieu fut un voile bleu transparent, la couleur du liquide dans lequel il baignait en fait. Plusieurs fois, il cligna des yeux. Au fur et à mesure, sa vision commençait à s’affiner. Il distingua alors des formes géométriques. Il se trouvait dans une grande salle pourvue de nombreux d’appareils et d’équipements. Submergé par le liquide, il n’entendait par contre rien d’autre que le bourdonnement sourd caractéristique d’une personne nageant en profondeur.

Tant bien que mal, il essaya de bouger ses membres supérieurs. Lentement, il leva les mains et les contempla. Elles étaient pourvues chacune de 5 doigts. La couleur de sa peau et de ses ongles était gris sombre. Il ne parvint pour le moment pas à reconnaître ses propres mains, encore moins son apparence. Il eu beau tenter, aucun souvenir de son visage ne revint à son esprit. Pire encore, il ne savait même pas qui il était. Sa mémoire résiduelle était pour le moment bloquée et aucune information ne lui parvenait. Il ne savait même pas ce qu’il faisait là, ni où il était avant. Il était comme un être arrivant au monde et ouvrant les yeux pour la première fois sur la vie. Il examina plus longuement son corps et constata que ses bras, ses jambes et son torse étaient musclés et nus. En fait, il ne portait qu’un sous vêtement noir moulant dissimulant ses parties intimes, ses fesses et la moitié de ses cuisses.

Il porta à nouveau attention sur son environnement. En tournant la tête à gauche et à droite, il aperçu plusieurs sortes de cylindres transparents similaires à celui dans lequel il se trouvait. La base des cylindres était reliée au sol par une sorte de socle métallique. Le sommet était également pourvu d’une sorte de couvercle métallique aux formes complexes. Dans le caisson juste à sa droite sommeillait un humanoïde dont la couleur de peau était différente. Elle était pâle en fait et l’être avait des cheveux noirs coupés courts. En fait, il s’agissait tout simplement d’un Humain. Ce terme, «Humain », lui revint brusquement à l’esprit. Tout comme lui, l’Humain n’était vêtu que d’un sous vêtement moulant de couleur noire, dissimulant ses partie intimes. Par contre, il n’arrivait pas à bien distinguer les traits de l’occupant qui sommeillait dans le caisson. Cet être ne lui semblait d’ailleurs que très vaguement familier.

Un mouvement attira alors son attention. Il y avait quelqu’un dans la salle. Un Humain portant une tenue blanche. Cet humain qui était apparemment concentré sur une console avec voyants clignotants semblait assez frêle et âgé. Encore une fois, il ne parvint pas à distinguer clairement ses traits mais il savait cet homme relativement vieux. C’est alors que le vieil homme se tourna vers lui et s’approcha. Apparemment, son réveil avait du être signalé par un des équipements sûrement raccordés à son caisson. Le vieil homme consulta un écran et divers voyants puis s’approcha un peu plus près de lui. Il leva sa main gauche et la posa sur la paroi de la cuve dans laquelle il baignait. Sa couleur de peau gris foncée contrastait avec la pâleur du vieil homme en blanc. Cet humain ne semblait pas dangereux mais il se posait des questions malgré tout. Qui était il donc et que faisait il ? Pourquoi l’avait il placé dans cette cuve.

C’est alors qu’il ressentit des sensations en son esprit et son âme. Il ressentait des sentiments oppressants de peur et de haine, une intense agitation en son être. Ces sensations n'émanaient pas de lui mais entraient en lui. Quelque chose de malsain était présent ici et lui faisait ressentir ces sensations. C’est alors que certains souvenirs lui revinrent. Il n’était pas quelqu’un d’ordinaire mais il était en péril, lui et de nombreux autres. Il devait se cacher, mais de qui ? C’est alors que tout cela réveilla en lui son instinct de survie et une certaine agressivité. Alors même que le vieil homme était proche, il ferma son poing et se mit à frapper la paroi transparente de sa cuve, ce qui fit sursauter le vieil homme. Cependant, la paroi resta intacte, d’une part parce qu’elle semblait très solide et d’autre part parce qu’il était encore à moitié engourdi et faible et ne pouvait par conséquent pas frapper très fort. Malgré tout, il retenta, puis encore et encore. Il martelait de son poing la paroi de sa « prison » dans le but de la briser et se libérer.

Le vieil homme s’éloigna précipitamment vers une console de commande et effectua des manipulations alors qu’il continuait à frapper pour se libérer. La paroi était toujours intacte mais à mesure qu’il frappait, il sentait son corps reprendre de la vigueur. Il était en train de récupérer ses capacités mais il se sentit soudain faiblir et sombrer petit à petit dans l’inconscience. Sa vision se troubla alors que son corps devenait lourd. Finalement, il s’endormit et tout redevint calme.

La vérité, c’est que le vieil homme avait activé un système d’urgence prévu pour les cas agressifs, un système qui envoyait dans la cuve des produits anesthétiques qui endormaient l’occupant de la cuve.

Dark Sekot ressentit une bouffée de pitié devant l'état pathétique d'Oron et ses gémissements, bouffée qu'il étouffa immédiatement devant le sérieux de la situation. Il secoua le jeune homme en le plaquant plus fermement contre le mur.

Calme-toi. Tu es écoeurant.

Sans ménagement, il saisit son apprenti terrifié par le bras d'une poigne de fer et le traîna jusqu'au conduit à ordure. Il le jeta au sol devant lui, juste à l'entrée, à la limite de l'eau immonde. Puis il passa par-dessus le jeune homme et s'empara des vêtements encore posés sur la corniche. Sans dire un mot, il plongea sa main dans les poches et en ressortit l'ancien implant d'Oron. La colère le reprenait, même si une partie de lui doutait encore, et il jeta les vêtements sur le jeune homme.

Habille-toi, tu me fais honte.

Il examina l'implant et vit qu'il avait été ouvert.

Il a été ouvert. C'est bien de ton implant que provient le poison qui m'a intoxiqué. Comment puis-je croire à tes paroles avec ceci dans ta poche ? Dis-moi la vérité, pourquoi ?

Encore plus effrayé, Oron fut secoué puis écrasé contre le mur, il avait réellement l'impression d'étouffer à cause de l'énorme pression exercée sur son sternum. Puis son maitre le traina jusqu'au bord du vide-ordure où il le jeta juste devant l'eau. Il était réellement terrorisé par l'attitude de son maitre, combien de temps lui restait-il avant de se faire torturer ? Il était pétrifié quand il vit son implant dans sa poche, comment était-il arrivé là ? C'était impossible, il était toujours dans son sac. Alors son maitre lui balança ses vêtements et le tança en disant qu'il lui faisait honte. Un profond sentiment d'ignominie le traversa, lui un être aussi méprisable faisait perdre un temps précieux à quelqu'un d'aussi puissant et important que son maitre. Il n'était qu'un être méprisable et abject. Puis son maitre se retourna vers lui avec un air furieux et lui ordonna de lui dire la vérité. Mais quelle vérité ? Il n'avait jamais voulu l'empoisonner, encore moins avec son implant, dit d'une voix empreinte par la terreur :

- Maitre ... Je vous supplie de me croire ... Je ne sais pas comment ... l'implant est arrivé dans ma poche ... Je vous jure que je pensais qu'il était ... resté dans mon sac ... Je vous implore de me croire ... Ce n'est pas moi, Maitre ! Ayez pitié !

Dark Sekot commençait à en avoir assez des gémissements d'Oron et de ses supplications. Sa colère et son impatience allaient croissantes, et il serra les poings, faisant crépiter quelques éclairs autour de ses mains. Il attendit que le jeune homme finisse de s'habiller sous son regard noir pour reprendre. D'un geste rapide, il tendit la main vers Oron et le souleva par le cou grâce à la Force. Puis il serra lentement.

La pitié ? Je verrais si tu la mérites.

Il montra de nouveau l'implant.

S'il était dans ton sac, que fait-il dans ta poche ? Qui d'autre aurait tenté de me tuer ? PARLE !

Alors que sa colère semblait s'accroitre, Oron eut encore plus peur lorsque des éclairs apparurent aux mains de son maitre. Alors il obéit à son maitre en enlevant les vêtements qui lui étaient arrivés en plein visage pour les mettre. A genoux comme il l'était ce n'était guère aisé, d'autant plus que son maitre le regardait d'un œil mauvais. Puis il fut lever par une grosse pression sur le cou, il avait l'impression d'asphyxier, non en réalité, il étouffait. Petit à petit, la pression augmenta pendant que le Seigneur Sekot lui montrait son implant et lui demanda ce que l'implant faisait dans sa poche et qui avait osé l'empoisonner. D'une voix hachée, le jeune homme tenta de dire :

- Maitre ... je ne sais pas ce que ça faisait là ... je ne sais pas qui vous a empoisonné.

En réalité il mentait car il pensait que c'était Jarik qui voulait empoisonner son maitre pour qu'il tue Oron et qu'il se retrouve seul apprenti, son implant dans sa poche l'accablerait encore plus. Mais il craignait qu'évoquer cette possibilité à haute-voix ne fasse qu'augmenter la colère de son maitre qui ne verrait en cette histoire qu'un moyen de discréditer Jarik et de sauver sa peau.

En dépit de la peur intense d'Oron qui étouffait ses sens, Dark Sekot perçut le mensonge dans la voix du jeune homme par une montée brutale de terreur. Ainsi donc, il essayait encore de lui cacher des informations ? Qu'à cela ne tienne, c'était une mauvaise tactique qui amplifia sa rage. Il relâcha soudainement son emprise sur son pathétique apprenti et, appelant la Force dans ses muscles, il bondit pour être sur lui avant même qu'il retouche le sol et, emporté par son élan, le plaqua encore une fois contre le mur. Il lui saisit la gorge et, s'approchant pour le regarder droit dans les yeux, il libéra une volée d'éclairs de Force extrêmement douloureux. Le doute l'habitait de plus en plus. Etait-il courageux ou stupide ?

Menteur ! Ne me mens pas, surtout maintenant ! Tu as une idée, qu'elle soit vraie ou fausse, et tu en es convaincu. D'après toi, qui a eu l'audace ? QUI ?

Il ponctua son cri d'une nouvelle volée.

Alors qu'il regardait pétrifié son maitre, Oron fut soudainement relâché, ce qui lui apporta un certain soulagement. Celui-ci fut de courte durée puisque son maitre lui sauta dessus avant qu'il ait atteint le sol et il fut projeté sur le mur pendant que son maitre lui écrasait la gorge en le regardant dans les yeux. Son regard était terrifiant, on pouvait aisément y lire une horrible fureur et une colère inimaginable. Puis une rafale d'éclairs le tordit de douleur. Tout à coup des images de son rêve où son maitre le torturait revenait à son esprit. Il était tout simplement terrorisé et terrifié. Son maitre lui hurla dessus, ce qui amplifia encore sa peur. Puis une nouvelle rafale d'éclairs le toucha. La souffrance, la douleur mêlée à une peur inimaginable le fit hurler un seul mot :

- JARIK !!! puis il se mit à pleurer à grosses larmes.

Dark Sekot fut surpris par l'éclat de voix d'Oron et s'écarta vivement, comme écoeuré par ces larmes et cette faiblesse. Il changea alors d'attitude et s'agenouilla près du jeune homme prostré. Il posa de nouveau la main sur l'épaule mais pour le calmer cette fois.

Jarik ? Et pourquoi selon toi ? Qu'est-ce qui te fait penser ça ? Et j'attends que tu m'expliques pour ton implant.

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